Ce texte est un peu spécial ! En effet je l’ai écrit à la suite d’un
voyage en Allemagne ! Ce texte a été envoyé à Paris pour un Concours
national officiel ! C’est un peu mon ressenti combiné à toutes les images
et courtes séquences de l’époque des Camps qui a donné ce texte qui est pour
moi le plus magnifique que j’ai pu écrire !
Le Souvenir
Certaines personnes ont horrifié la planète Terre
Je suis censé écrire sur ce sujet
Alors comme à mon habitude je prends une feuille et mon arme de guerre
Je place une cartouche dans le barillet
Je laisse vagabonder mon inspiration à la recherche d’une idée
Puis quand une première est là
Je place le canon sur la tempe de ma feuille de papier
Et tire un premier mot
Je tire comme ça plusieurs lignes
Et oui ma cartouche n’est pas une 9 coups
Mais quand l’inspiration littéraire ne m’apporte rien de bon
Je fais place à la chose qui pour moi est la plus puissante de toutes :
l’imagination.
Tu m’as demandé d’écrire pour me souvenir, alors je vais faire bien mieux je
vais partir dans ces temps-là.
Je les vois sortir de ce train
Je les vois marcher les uns à côté des autres sur ce que l’on peut sans aucun
doute appeler la route des enfers
Je les vois dès leur arrivée se faire trier comme une simple marchandise :
les femmes les enfants les vieillards les invalides à gauche et les hommes
valides à droite
Je vois dans la file de gauche ces enfants pleurer dans les bras de leurs mères
tentant en vain de les réconforter. Car tous au fond saventque pour eux c’est
la fin.
Je vois dans les yeux de ces hommes de la file de droite,
une peur, une angoisse. Certains tentent de fuir mais la seule chose récoltée
est un trou dans la poitrine les menant tout droit à la mort
Je les vois se diriger vers l’entrée de l’enceinte. Je les vois lire :
« Arbeit Macht Frei ».
Je les vois le soir après un maigre dîner s’entasser les uns sur
les autres à 300 dans 50 m², essayant de s’endormir mais ne pouvant pastellement
la peur leur tend les muscles, tellement leurs pensées pour leurs épouses et
leurs enfants sont fortes
Je les vois au petit matin sortir de leur baraquement pour partir au travail
Je les vois s’horrifier devant ceux qui ont tenté de fuir dans la nuit et qui
ont fini dans les barbelés.
Je les vois sur la route de l’usine marchant tels des robots
J’en vois certains tentant de fuir, courir puis tomber sur le bas-côté après
avoir pris une balle dans la nuque
J’en ai assez ! Je coupe le fil de l’imagination pose mon stylo et
calme mon esprit
Mais ça ne me suffis pas j’ai besoin de plus alors je prends une
inspiration, je ferme les yeux et repars là-bas
Je les retrouves quelques mois plus tard complètement
changés ! Ils n’ont à présent plus rien d’humains !
Je les vois décimés par la
mort, par la folie des Hommes
Je vois les regards vides sur des visages sans vie
Je les vois se battre pour un morceau de pain
Je les vois squelettiques alors qu’ils étaient si forts
Je les vois marcher entre les morts
Je les vois pleurer sur les corps
Je vois ces corps suspendus à la potence
Je vois ces corps dans les barbelés
Je vois ce sang coulé par terre
Je vois ces corps écartelés
Je vois ces êtres fusillés pour l’exemple
Je vois les brûlures, les larmes, le sang, la fumée de la cheminée des
fours
Il y a plus de morts que de vivants, plus de corps gisants que de corps en
mouvements
Et pourtant j’ai l’impression que les êtres encore en vie ne sont même
plus étonnés de la barbarie, ne sont même plus dégoûtés. Ils s’y sont
fait, c’est leur quotidien…
J’en ai assez vu, je reviens à la réalité je pose mon dernier mot
sur le papier mais une question se pose
Veux-tu vraiment que j’écrive simplement pour me souvenir …